Dans l'atelier de mon grand-père, Théodore Strawinsky

Écrit par : Marie Stravinsky

Portrait de sa petite-fille Marie, 1977

Dans l’atelier de mon grand-père, une pièce mystérieuse inondée de lumière, il y avait des toiles frottées, de magnifiques pastels et toutes sortes de maquettes. Nous étions très rarement autorisés à pénétrer dans cet endroit de création artistique. Le peintre n’admettait personne lorsqu’il travaillait, mais quelle joie quand la porte s’ouvrait et que nous pouvions découvrir sa dernière œuvre en déambulant entre les chevalets et les boîtes de peinture.

Le fils aîné du célèbre compositeur Igor Stravinsky et de Catherine Nossenko, Théodore, est né en 1907 à Saint-Pétersbourg. Théodore a été nommé d’après son grand-père paternel, un célèbre chanteur d’opéra et acteur qui avait connu une carrière réussie au théâtre Mariinsky. Théodore a toujours voulu être peintre, et son père, qui était très amateur d’arts plastiques, était ravi de cette vocation. À 13 ans, Théodore a dit à son père : « Je veux être peintre ». Igor a répondu : « Excellente idée, pourvu que ce soit une bonne idée ». 

Haute-Savoie (France), 1937

Il a passé sa petite enfance en Russie, puis les circonstances ont obligé la famille à passer la Première Guerre mondiale en exil. La famille s’est installée en Suisse en 1911, puis en France en 1920. Théodore a passé les Années folles à Paris avec ses parents en rendant visite à Picasso, Braque, Derain, Cocteau. Grandir dans cet environnement artistique a eu une grande influence sur sa personnalité et son développement dès son plus jeune âge.

Académie André Lhote, années 1930

En 1930, Théodore s’est alors inscrit à l’Académie André Lhote à Paris.

À partir de là, il a suivi deux voies parallèles, la peinture de chevalet (portraits, paysages, natures mortes) et les peintures murales.

Les vitraux, fresques et mosaïques d’inspiration religieuse ont trouvé place dans des églises de Suisse, de France, d’Italie, de Hollande et de Belgique.

Peinture murale (détail), Almelo (Pays-Bas) 1969

Mon grand-père était un homme charmant, cultivé, raffiné, et sa peinture reflète son image, douce et lumineuse. Inspiré par sa foi rayonnante, l’art sacré a joué un rôle important dans sa vie. Il a été décoré par le pape Paul VI en 1977 et a été investi comme « Chevalier Commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire le Grand » pour les services rendus à l’Église par son art.

Bien que fils d’un génie, Théodore n’a jamais été écrasé par la forte personnalité de son père. Il était complètement libre et savait assumer cette indépendance tout au long de sa vie à travers son travail.

1968

Il était complètement libre et savait assumer cette indépendance tout au long de sa vie à travers son travail.

Il est décédé à Genève en 1989 et est enterré au cimetière russe de Paris (Sainte Geneviève des Bois) aux côtés de sa mère, de sa sœur et de sa grand-mère paternelle.

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