C’est en 1947 que, pour la première fois, je suis confronté au problème de l’art mural : deux mosaïques me sont demandées pour l’église d’Assy.
Pour le peintre de chevalet que j’étais alors (et que je suis toujours) ce fut le point de départ d’une carrière parallèle. L’espace architectural pose des impératifs que le peintre ne doit pas perdre de vue; il doit tenter de réussir le mariage peinture-architecture et ceci est valable pour toutes les techniques : peinture proprement dite, mosaïque, tapisserie, vitrail ou dalle de verre.
Théodore Strawinsky
(Lo Strona n° 2, 1980)
Strawinsky s’est converti au catholicisme en 1940. A partir de 1948, il réalise de manière régulière des vitraux, des mosaïques ou des peintures murales, autant de travaux qui lui assurent des revenus réguliers. Il contribue notamment (avec Rouault, Bonnard, Léger, Lurçat, Braque, Matisse ou Chagall) à l’un des chantiers majeurs du renouveau de l’art religieux : le décor de l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du plateau d’Assy, en Haute-Savoie. Ses principales œuvres se trouvent à Yverdon (Saint-Pierre), à Gennep en Hollande (Saint-Martin) et surtout à l’Eglise du Christ-Roi à Fribourg, inaugurée en 1971. Sollicité directement par les maîtres d’œuvre, il y développe une grande maîtrise de la technique de la dalle de verre. Chaque morceau est façonné avant d’être scellé dans une armature de béton. D’un point de vue esthétique et catéchétique, il défend l’art à la fois décoratif et figuratif «les deux véritables piliers de l’art sacré» (Nova et Vetera, 1956).
Philippe Kaenel
Fondation Théodore Strawinsky
Rue de Jargonnant 2
1207 Genève (Suisse)